Possibilités économiques pour nos petits-enfants surmenés
Il y a près d’un siècle, John Maynard Keynes prédisait que les progrès technologiques élimineraient le besoin de travail, ouvrant ainsi la voie à une ère d’abondance et de loisirs. Même si sa prédiction était loin d’être exacte, sa vision idéaliste de la création d’une société plus équitable est plus pertinente que jamais.
ITHACA, NEW YORK – En 1930, John Maynard Keynes publiait son court essai «Possibilités économiques pour nos petits-enfants», dans lequel il expose sa vision d’une future économie mondiale caractérisée par les loisirs et l’abondance. Alors que les progrès rapides de l’intelligence artificielle menacent de déplacer des millions de travailleurs, il vaut la peine de revenir sur ce travail brillant et passionné.
Keynes a initialement écrit son essai en 1928 pour une conférence dans une école de garçons du Hampshire, en Angleterre, et a passé deux ans à le réviser avant sa publication. Bien qu’il ait été surpris par le krach boursier de 1929, il a encouragé ses lecteurs à y voir une « phase temporaire d’inadaptation ». Faisant preuve de sa clairvoyance caractéristique, Keynes a évité de faire des prédictions pour les cinq ou dix années à venir, se concentrant plutôt sur le siècle à venir.
Bon nombre des idées de Keynes étaient remarquablement prémonitoires. La société moderne, observa-t-il, était « atteinte d’une nouvelle maladie », dans laquelle les progrès technologiques réduisaient la demande de main-d’œuvre. Mais il considérait ce « chômage technologique » comme une raison d’espérer et non de désespérer, prédisant que l’innovation entraînerait une croissance rapide du PIB et inaugurerait une ère de loisirs. « Dans cent ans, le niveau de vie dans les pays progressistes, spéculait-il, sera quatre à huit fois plus élevé qu’il ne l’est actuellement. » Malgré les hauts et les bas économiques du siècle dernier, cette prédiction s’est avérée exacte.