Le dilemme fiscal du Japon
Peu de temps après avoir annoncé son intention de payer l’augmentation prévue du budget de la défense du Japon en augmentant les impôts, une opposition farouche, y compris de son propre parti, a contraint le Premier ministre Fumio Kishida à faire marche arrière. Mais, pour protéger les générations futures, le Japon doit maintenir sa prudence budgétaire plutôt que de continuer à s’endetter.
TOKYO – Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a récemment dévoilé un plan ambitieux pour doubler le budget de la défense du pays à 43 000 milliards de yens (330 milliards de dollars), soit environ 2 % du PIB du Japon, au cours des cinq prochaines années. Notamment, le programme de réarmement massif du pays, le plus important depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, n’a pas déclenché de réaction politique ou publique. Alors que le Japon fait face à de multiples menaces de sécurité, notamment des tests de missiles nord-coréens, des navires de la garde côtière chinoise empiétant sur ses eaux territorialeset la militarisation par la Russie du Îles Kouriles contestées (connus au Japon sous le nom de Territoires du Nord), les sondages montrer le soutien du public pour l’augmentation proposée.
Mais la question de savoir comment le Japon paiera pour ce renforcement militaire massif a fait l’objet d’une intense controverse. Kishida avait initialement prévu de financer l’augmentation des dépenses en augmenter les impôts et a demandé aux membres de son Parti libéral démocrate (LDP) d’élaborer un plan détaillé. Le plan qu’ils ont produit comprenait des impôts plus élevés sur les revenus personnels, les bénéfices des sociétés et le tabac. Mais il n’incluait pas une augmentation indispensable du taux de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), communément appelée taxe à la consommation, et devait, selon les projections, ne pas couvrir les coûts de l’augmentation budgétaire proposée.
Kishida a finalement été contraint de reporter éléments clés de son plan pour le prochain exercice après avoir affronté un tollé public et une opposition farouche au sein du PLD. La révolte interne a été dirigé par des partisans du prédécesseur de Kishidafeu Abe Shinzō, assassiné en juillet 2022. Les loyalistes d’Abe, comme le ministre de la Sécurité économique Sanae Takaichi, ont fait valoir que l’augmentation du budget de la défense devrait être financée par l’émission de nouvelles obligations d’État, conformément au programme économique d’Abe.