Les pays riches doivent honorer leurs engagements en matière de financement de la biodiversité

Les pays riches doivent honorer leurs engagements en matière de financement de la biodiversité

Il y a deux ans, les pays développés se sont engagés à verser au Sud au moins 20 milliards de dollars par an d'ici 2025 pour contribuer à préserver 30 % des terres et des océans de la planète. Mais un nouveau rapport révèle que la plupart des pays n'ont pas contribué à hauteur de leur juste part, ce qui entrave gravement notre capacité à atteindre les objectifs climatiques cruciaux.

DUBLIN – Cet été, marqué par des vagues de chaleur record et des élections controversées dans le monde entier, offre une occasion précieuse de réfléchir au rôle que les individus peuvent jouer pour susciter des changements positifs. En créant des coalitions et en amplifiant la voix des personnes les plus touchées par les crises, nous pouvons rassembler le courage et la volonté politique nécessaires pour surmonter des défis mondiaux apparemment insurmontables.

Le changement climatique et la perte de biodiversité en sont de parfaits exemples. En tant que défenseur de longue date de la justice environnementale, j’ai pu constater de mes propres yeux l’impact profond de ces deux phénomènes sur les communautés en première ligne et les peuples autochtones. Ces populations sont les plus durement touchées par ces crises interdépendantes, qui mettent en péril leurs moyens de subsistance, leur santé et leur patrimoine culturel.

Les environnements terrestres et marins diversifiés qui soutiennent les communautés autochtones sont également à la base de la vie et de la société telles que nous les connaissons. Nous dépendons d’écosystèmes sains pour nous nourrir, nous abriter, nous approvisionner en eau, nous soigner et prévenir les maladies. Plus que 50% du PIB mondial, estimé à 44 000 milliards de dollars, dépend de la nature. Les écosystèmes prospères agissent comme des puits de carbone naturels, absorbant jusqu'à 50% des gaz à effet de serre produits par les activités humaines.

En menaçant les puits de carbone essentiels que sont les forêts tropicales et les océans, la perte de biodiversité aggrave le changement climatique, qui accélère à son tour la dégradation de l’environnement, rendant des millions de personnes, ainsi que d’innombrables espèces végétales et animales, de plus en plus vulnérables. La bonne nouvelle est que nous pouvons inverser cette tendance : en favorisant des écosystèmes résilients et diversifiés, nous pouvons atténuer les effets du changement climatique et créer un cercle vertueux qui protège les communautés en première ligne.

Dans le contexte de la plus grande extinction massive depuis plus de 65 millions d’années, la protection de la biodiversité est plus urgente que jamais. Des études montrent que près de la moitié des espèces animales du monde connaissent actuellement un déclin rapide de leur population, l'Amérique latine et l'Afrique étant confrontées à la la perte de biodiversité la plus grave.

Bien que ces évolutions dressent un tableau sombre, des progrès ont été réalisés dans la lutte contre la crise de la biodiversité. En 2022, lors du sommet des Nations Unies sur la biodiversité à Montréal (COP15), les parties à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique ont approuvé la Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal (GBF). Cet accord historique, qui a nécessité des années de constitution de coalitions et de campagnes de plaidoyer, a défini une stratégie pour arrêter et inverser la perte de nature, y compris l'objectif ambitieux de préserver au moins 30 % des terres et des mers de la planète d'ici 2030.

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Dans le cadre du GBF, les pays développés se sont engagés à fournir au Sud global, où se trouve la majeure partie de la biodiversité restante de la planète, au moins 20 milliards de dollars par an d'ici 2025 et 30 milliards de dollars par an d'ici 2030. S'ils sont respectés, ces engagements permettraient aux pays en développement de mettre en œuvre des programmes ambitieux Plans d'action nationaux pour la biodiversitéprotégeant ainsi les populations les plus vulnérables au climat dans le monde.

Malheureusement, le monde est actuellement loin d’atteindre ces objectifs. nouveau rapport Une étude réalisée par le groupe de réflexion ODI basé à Londres révèle que, sur les 28 pays évalués, 23 n’ont pas respecté leurs engagements en matière de financement de la biodiversité en 2021 (dernière année pour laquelle des données sont disponibles). Pour atteindre leurs objectifs de 2025, ces pays devraient doubler leurs contributions.

Le fossé entre les promesses et les actions climatiques semble encore plus troublant si l’on considère que 20 milliards de dollars par an ne représentent que 1,1 % du 1,8 billion de dollars Les pays du monde entier dépensent chaque année des subventions néfastes pour l’environnement. Ces ressources, qui représentent 2 % du PIB mondial, soutiennent des secteurs comme les combustibles fossiles et l’agriculture industrielle, responsables de la plupart des émissions de gaz à effet de serre et de la perte de biodiversité.

Pour protéger les ressources naturelles de la planète, les gouvernements doivent aligner leurs dépenses sur les valeurs qu'ils ont déclarées. Loi sur la restauration de la naturequi vise à restaurer au moins 20 % des terres et des mers de l’UE d’ici 2030, et tous les écosystèmes dégradés d’ici 2050, représente une étape importante dans cette direction.

Il reste certes encore beaucoup à faire. Conférence des Nations Unies sur la biodiversité en Colombie (COP16), les décideurs politiques et les défenseurs du climat doivent continuer à bâtir des coalitions mondiales pour combler le déficit de financement de la biodiversité. Ils doivent également veiller à ce que les communautés les plus touchées par la dégradation de l’environnement – ​​en particulier les peuples autochtones – soient incluses dans le processus de prise de décision lorsqu’il s’agit de projets de conservation et de restauration.

La protection et la restauration de la biodiversité sont essentielles pour soutenir le rétablissement des écosystèmes naturels de notre planète et atténuer les effets les plus néfastes du changement climatique. Lors de la COP16, les dirigeants mondiaux auront l'occasion de créer un cercle vertueux de changement. Pour assurer un avenir durable, ils doivent saisir cette opportunité.

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