Il n’existe pas d’alternative à l’action climatique multilatérale
Au cours des trois dernières décennies, le système multilatéral a favorisé la coopération internationale et un consensus fort autour d’objectifs climatiques ambitieux. La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) en Azerbaïdjan offre une opportunité vitale de réaliser des progrès significatifs et de prouver que le multilatéralisme peut fonctionner.
BAKU – Notre monde se trouve à un tournant critique. Les effets dévastateurs du réchauffement climatique sont de plus en plus évidents et la crise s’aggrave. Pour l’atténuer, nous devons de toute urgence réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ne pas agir maintenant ne fera qu’alourdir le bilan humain et économique.
La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) à Bakou, en Azerbaïdjan, offre une opportunité unique pour une action collective efficace. Dans un contexte de tensions géopolitiques accrues et d’incertitude mondiale, la COP29 servira de test pour le système multilatéral dont dépend la capacité de l’humanité à répondre à cette menace existentielle.
Les bases d’une action coordonnée ont été posées à Rio de Janeiro en 1992 avec la création de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui a établi la Conférence annuelle des Parties (COP) pour promouvoir des solutions fondées sur le consensus. La philosophie était simple : étant donné que le changement climatique est un problème mondial, sa résolution nécessite une approche collaborative.
La CCNUCC favorise la coopération entre les petits pays et les superpuissances, permet aux organisations de la société civile de s'engager directement avec les gouvernements et facilite les transferts de technologie transfrontaliers. Peut-être plus important encore, il fournit un cadre d'action collective dans lequel les efforts de chaque pays encouragent les autres à intensifier les leurs.
Alors que le Protocole de Kyoto de 1997 fixait des objectifs contraignants de réduction des émissions pour les économies développées, il est rapidement devenu évident qu'il fallait aller plus loin. En réponse, les pays développés se sont engagés en 2009 à mobiliser 100 milliards de dollars chaque année d'ici 2020 pour soutenir les politiques climatiques des pays en développement.
L’accord de Paris sur le climat de 2015 a marqué un tournant, fixant l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5° Celsius au-dessus des niveaux préindustriels et garantissant que l’augmentation reste bien en dessous de 2°C. Pour suivre les progrès, l'accord a établi un système de contributions déterminées au niveau national (NDC) à travers lequel chaque pays présente ses plans de réduction des émissions. Des audits mondiaux périodiques évaluent si les pays sont sur la bonne voie pour remplir leurs engagements climatiques.
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Malheureusement, le premier audit mondialpublié avant la COP28 de l'année dernière à Dubaï, a montré que nous sommes loin d'atteindre ces objectifs climatiques. Il propose également une feuille de route complète, appelant tous les pays à s'engager en faveur de CDN alignées sur l'objectif de 1,5°C et établissant des étapes et des calendriers clairs – y compris l'abandon des combustibles fossiles – qui pourraient mettre les objectifs de l'accord de Paris à portée de main.
La COP29 représente la prochaine étape de l’approche multilatérale, les dirigeants devant se mettre d’accord sur une augmentation significative de l’objectif de financement climatique de 100 milliards de dollars – ce qu’on appelle Nouvel objectif collectif chiffré (NCQG). De plus, chaque pays doit soumettre ses CDN mises à jour d’ici février 2025.
La transparence est essentielle à ce processus. Si les objectifs de l'Accord de Paris sont la destination et les CDN la feuille de route, le NCQG fournit le carburant nécessaire pour y parvenir. Il est essentiel de renforcer la confiance dans l’engagement des pays en faveur d’une action climatique audacieuse et dans leur volonté de fournir le financement nécessaire.
En tant que président de la COP29, l'Azerbaïdjan exhorte tous les pays à soumettre dès que possible des CDN alignées sur l'objectif de 1,5°C. Nous faisons également tout notre possible pour garantir un nouvel objectif juste et ambitieux en matière de financement climatique, qui réponde aux besoins des pays en développement et corresponde à l'ampleur et à l'urgence de la crise.
Un échec nous obligerait à nous poser des questions difficiles : sommes-nous prêts à accepter l’échec de l’accord de Paris ? Et quelles sont les alternatives ? Une chose est claire : sans plan de secours viable, nous devons faire tout notre possible pour atteindre l’objectif de 1,5°C. Se laisser aller au somnambulisme face à une catastrophe climatique n’est pas une option.
Certes, le système multilatéral a ses défauts. Mais il reste le meilleur cadre pour relever ce défi de taille. Pendant trois décennies, il a favorisé une coopération internationale durable, une compréhension commune de la science et un consensus fort sur les objectifs climatiques mondiaux.
L’alternative au multilatéralisme est une réponse fragmentée, les gouvernements poursuivant leurs propres programmes sans coordination ni coopération. Cette approche entraînerait des progrès plus lents, des coûts plus élevés et des résultats moins équitables. Sans un objectif unificateur, tout sentiment d’objectif commun disparaîtrait pratiquement.
Prenons par exemple l'objectif de la COP29 de finaliser les négociations sur l'article 6 de l'accord de Paris, qui vise à normaliser les marchés du carbone. En canalisant les ressources vers les projets d'atténuation les plus efficaces, ce cadre pourrait économiser 250 milliards de dollars annuellement d’ici 2030 – une augmentation substantielle à une époque de ressources limitées.
Compte tenu des alternatives possibles, nous n’avons d’autre choix que de faire fonctionner le système actuel. La présidence de la COP29 ne ménagera aucun effort pour parvenir à un consensus international. Avec un programme axé sur la promotion d’une action climatique transformatrice, l’Azerbaïdjan pourrait contribuer à combler les divisions géopolitiques. Mais notre succès dépend de la volonté des pays de s’engager de manière constructive et de s’engager dans le processus multilatéral.
Les données scientifiques sont claires, les cadres d’action coordonnée sont en place et le plan a été élaboré. Il nous faut désormais trouver la volonté politique d’utiliser ces outils. La COP29 est notre chance de prouver que le multilatéralisme peut fonctionner.