La stratégie allemande de sécurité nationale rate la cible
Au milieu de la guerre en cours en Ukraine et de l’affirmation croissante de la Chine, l’Allemagne a dévoilé sa première stratégie de sécurité nationale en 70 ans. Bien qu’il s’agisse d’un pas en avant important, le manque de propositions politiques concrètes et l’incertitude entourant les mécanismes institutionnels et les ressources financières nécessaires risquent de le reléguer aux archives.
BERLIN – Après un retard important, le chancelier allemand Olaf Scholz a récemment dévoilé le premier stratégie de sécurité nationale. Le plan tant attendu, présenté près d’un an et demi après que Scholz s’est présenté devant le Bundestag et a proclamé que l’invasion de l’Ukraine par la Russie avait déclenché un « changement d’époque” (Zeitenwende), vise à aider l’Allemagne à naviguer dans un paysage géopolitique modifié et incertain. Mais alors que le document de 74 pages – publié conjointement par les ministères des affaires étrangères, de la défense, des finances et de l’intérieur, ainsi que la chancellerie – expose clairement les défis géopolitiques et économiques auxquels le pays est confronté, la stratégie, dans sa forme actuelle, est trop vague pour être un guide efficace.
Bien que l’Allemagne se soit jusqu’à présent débrouillée sans stratégie de sécurité nationale, la décision du président russe Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine – ainsi que la dangereuse dépendance du pays vis-à-vis du gaz naturel russe – ont fait ressortir la nécessité d’une réflexion globale. Pendant des décennies, l’Allemagne s’est appuyée sur les États-Unis et l’OTAN pour sa protection, un dividende de paix apparemment sans fin qui a permis au pays de défendre la retenue militaire tout en maintenant l’illusion que le monde était plus pacifique et plus sûr qu’il ne l’était.
Cette illusion a été brisée après que la Russie a attaqué l’Ukraine, et la Chine, désireuse d’exploiter toute vulnérabilité occidentale perçue, a adopté une politique étrangère plus affirmée. Mais bien que la nouvelle stratégie reconnaisse la Russie comme la principale menace à la sécurité de l’Allemagne, sa description de la Chine – « partenaire, concurrent et rival systémique » – est un mélange contradictoire et Taïwan n’est jamais mentionné. Au lieu de cela, le document met l’accent sur le partenariat étroit de l’Allemagne avec les États-Unis, son engagement indéfectible envers l’OTAN et une Union européenne renforcée comme piliers institutionnels de sa défense contre les ennemis réels et potentiels.