Le tarif carbone aux frontières de l’UE entre dans sa première phase
L’UE a lancé la première phase de ses droits de douane sur le carbone aux frontières sur l’acier, les engrais, l’hydrogène et d’autres biens importés. Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACB) vise à renforcer les engagements verts du bloc et à encourager des pratiques industrielles plus propres dans les pays tiers en introduisant une taxe sur les émissions de carbone intégrées associées aux biens importés.
La Commission européenne note que le CBAM veillera à ce que le prix du carbone des importations soit égal à celui des biens produits dans le pays afin de soutenir la décarbonation de l’industrie européenne. « Une considération clé dans la création d’incitations est de savoir si elles peuvent changer les comportements… Cela pourrait ramener les industries à forte consommation d’énergie sur le territoire, si cela réduit les émissions de carbone », déclare Chris Dent, un expert en systèmes énergétiques à grande échelle basé à l’Université d’Edimbourg, au Royaume-Uni.
Actuellement, le CBAM ne s’applique qu’aux importations de ciment, de fer et d’acier, d’aluminium, d’engrais, d’électricité et d’hydrogène. Selon Dent, l’une des raisons pour lesquelles de tels tarifs n’ont pas été mis en œuvre plus tôt est due à la difficulté de produire des estimations précises des émissions de carbone intégrées dans différents produits. «L’acier et le ciment ont peut-être été prioritaires car le carbone incorporé est relativement facile à estimer», note-t-il.
Le 1er octobre, CBAM est entré dans une phase de transition au cours de laquelle les importateurs devront déclarer les émissions intégrées dans les marchandises qu’ils importent dans l’UE. L’introduction complète du système sera échelonnée jusqu’en 2026, date à laquelle les importateurs commenceront à payer des tarifs basés sur le prix actuel des quotas du système d’échange de quotas d’émission de l’UE.
La période pilote initiale permettra aux parties prenantes de s’adapter au système et à l’UE de collecter des données et d’affiner sa méthodologie avant qu’il ne devienne pleinement opérationnel.
Elisabetta Venezia, économiste à l’Université de Bari, en Italie, affirme que le système constitue un moyen d’encourager les pays tiers à repenser les politiques qui ne sont pas durables sur le plan environnemental.
« La période test est importante pour évaluer la réaction des entreprises en termes de localisation et en termes de commerce international… pour évaluer les effets finaux au niveau international et pour calculer les effets de la charge sur les prix de ces permis », note-t-elle. . « Une révision pourrait suivre cette période. »
Pour accompagner les entreprises pendant la transition, la commission a développé du matériel de formation et des outils informatiques spécifiques pour aider les importateurs à effectuer les calculs requis. Dent note que « la transparence et la standardisation des calculs » contribueront à réduire les coûts liés au respect de la réglementation et devraient rendre les coûts plus équitables pour les petites entreprises.
À l’avenir, la commission prévoit d’évaluer la faisabilité d’inclure d’autres biens dans le champ d’application du CBAM, avec des secteurs supplémentaires pouvant potentiellement entrer dans le système d’ici 2030.