L'ombre d'Allende dans le Chili d'aujourd'hui

L’ombre d’Allende dans le Chili d’aujourd’hui

Cinquante ans après que le coup d’État d’Augusto Pinochet ait détruit la démocratie chilienne, l’actuel président Gabriel Boric est confronté au même défi que Salvador Allende : comment transformer la société par des moyens démocratiques. Boric doit nouer des alliances fortes, et vite, car l’extrême droite, dirigée par José Antonio Kast, gagne du terrain.

MEXICO – Commémorer un coup d’État peut être difficile, surtout en Amérique latine, où les coups d’État et les militaires caudillos qui suivent souvent, sont monnaie courante. Le putsch du 11 septembre 1973 qui a renversé le président chilien démocratiquement élu, Salvador Allende, pourrait être considéré comme un coup d’État parmi tant d’autres. Mais cette tragédie présente des caractéristiques uniques, reflétées dans le flux de livres, de documentaires et de commentaires – certains avec de nouvelles révélations – marquant le 50e anniversaire du coup d’État et évaluant la présidence d’Allende, qui s’est soldée par sa mort prématurée.

Allende a promis le socialisme démocratique : une révolution pacifique parfumée »avec empanadas et vin rouge», comme il l’a dit, soulignant le caractère national unique de son projet politique. Un système socialiste obtenu grâce à des élections libres, plutôt que d’être imposé à la société par la force, représentait une nouveauté historique, et des peuples aussi lointains que l’Italie et la France l’observaient avec un grand intérêt. Aujourd’hui encore, de nombreux Chiliens se souviennent du gouvernement d’Allende pour ses efforts sincères en faveur des plus démunis.

La brutalité avec laquelle le général Augusto Pinochet a éviscéré cette expérience est également singulière. Malgré la multiplication des coups d’État en Amérique latine, jamais auparavant un palais présidentiel n’avait été bombardé, ni le corps d’un président retiré des décombres. De plus, il s’agissait d’un coup d’État institutionnel, et non d’un putsch militaire typique motivé davantage par une ambition personnelle que par une idéologie ; l’ensemble des forces armées et de la police ont soutenu le régime de Pinochet.

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