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Pérou : A bas le coup d’État de l’oligarchie péruvienne contre Pedro Castillo !

Publié à l’origine 9 décembre sur internationalsocialist.net.

Après avoir tenté de dissoudre le Congrès et décrété un gouvernement d’exception, le président du Pérou, Pedro Castillo, a été démis de ses fonctions. De cette façon, l’oligarchie péruvienne, utilisant les manœuvres parlementaires de Castillo comme excuse, tente une fois de plus de faire dérailler le gouvernement élu par des millions de travailleurs et de paysans péruviens.

Crise politique profonde

Le coup d’État parlementaire contre Castillo a eu lieu après des mois de tentatives de la droite et de l’oligarchie péruvienne pour destituer l’ancien enseignant et syndicaliste de ses fonctions. Ils l’ont accusé de corruption, ce qui a fait de l’administration de Castillo une porte tournante par laquelle trois cabinets complets sont passés au cours des derniers mois. Cela en soi démontre la profonde crise politique que traverse le Pérou en conséquence des pressions de la droite et de l’oligarchie sur le gouvernement de Castillo.

La droite exploite la tourmente économique

En mars dernier, à la suite de la guerre en Ukraine et de la crise qu’elle a entraînée dans le monde entier, des centaines de travailleurs se sont mobilisés au Pérou contre l’inflation et la crise en l’absence de politiques gouvernementales cohérentes malgré les promesses de campagne de Castillo avec son slogan « plus pauvres dans un pays riche.

Il était clair alors que l’oligarchie péruvienne reprenait l’initiative, après sa défaite électorale, avec l’intention d’utiliser cette crise pour renverser le gouvernement Castillo, en vue de limiter d’éventuelles réformes au profit des masses laborieuses péruviennes, et surtout , craignant que les masses poussent à des changements plus profonds que ceux proposés par le timide programme institutionnel de Castillo.

Depuis le début du gouvernement Castillo, l’oligarchie n’a pas caché ses tentatives de coup d’État. Au contraire, avant même que Castillo ne prête serment, l’oligarchie et les capitalistes péruviens ont menacé de l’empêcher de prendre le pouvoir. Seule la crainte que les mobilisations de soutien ne deviennent incontrôlables a convaincu la droite de s’engager dans cette voie. Mais qu’est-ce qui a donc changé ?

La nouvelle offensive de l’oligarchie péruvienne, qui a réussi à évincer Castillo de la présidence du Pérou, ne peut s’expliquer que par les erreurs et la modération commises par Castillo lui-même depuis le début de son mandat. L’exemple le plus clair en était ses déclarations, une fois élu, qu’il n’allait pas promouvoir des expropriations de terres ou d’aucune entreprise, même si c’était l’une de ses promesses de campagne.

Les échecs du réformisme à l’ère du désordre

De plus, le bilan de la pandémie et de la crise économique a fait que des millions de Péruviens considèrent Castillo avec un scepticisme croissant. La faiblesse de Castillo, qui a motivé l’offensive de la droite, a été sa politique de gestion du capitalisme oligarchique péruvien et la démobilisation et la désorganisation de sa base de soutien.

Castillo a renoncé au programme de gauche sur lequel il a été élu. En conséquence, il a perdu le soutien populaire et n’a pas été en mesure d’offrir une issue à la crise qui satisferait les intérêts de la classe ouvrière et des autres secteurs opprimés de la société péruvienne. La droite au Congrès et la classe dirigeante en ont profité. Reconstruire une gauche socialiste basée sur les luttes de la classe ouvrière et des opprimés, avec un programme socialiste qui apprend des erreurs de Castillo, est la tâche centrale qui nous attend.

Les socialistes et les révolutionnaires s’opposent au coup d’État contre Castillo, car nous comprenons que cela n’apportera que plus de tragédies à la classe ouvrière et aux pauvres du Pérou. Nous ne reconnaissons pas le congrès corrompu comme ayant autorité pour juger Castillo et nous exigeons sa liberté. Cela ne signifie nullement une défense du programme ou des méthodes de Castillo, mais au contraire une reconnaissance de la nécessité de construire une alternative révolutionnaire pour les campesinos et les travailleurs qui avance un programme de lutte socialiste pour le Pérou.

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