Adolescent assassiné par la police en France : le mouvement ouvrier doit intervenir !
L’assassinat de Nahel M (une franco-algérienne de 17 ans) par un policier à Nanterre mardi matin a suscité une puissante vague d’indignation et de colère dans tout le pays. Des émeutes et des manifestations enragées ont secoué Paris pendant deux nuits consécutives, où quelque 2 000 membres du personnel de sécurité ont été déployés. Les protestations s’étendent maintenant au-delà de la capitale.
La vidéo de l’incident illustre bien ce qui s’est passé : le policier a délibérément assassiné le jeune homme, qui ne menaçait personne. Il a reçu une balle dans la poitrine et les médecins n’ont pas réussi à le ranimer. De tels événements ne sont pas rares : il y a eu 13 meurtres de ce type par la police à la suite de contrôles routiers de routine l’année dernière seulement.
Ignorant qu’il avait été filmé, le policier a tenté d’affirmer que Nahel menaçait de le tuer. C’est la stratégie habituelle des policiers qui commettent de tels « accidents » : ils mentent, confiants dans la complicité des institutions policières et judiciaires.
Mais la vidéo ne ment pas. C’est une clé dans les travaux de l’État, un morceau de vérité brute qui ridiculise des arguments comme la «présomption d’innocence», que les journalistes réactionnaires ont sortis ces deux derniers jours.
Chacun comprend que, sans cette vidéo, les affirmations du policier n’auraient probablement pas été remises en cause – et que faute de vidéos, de nombreux meurtres perpétrés par des policiers dans des circonstances similaires ont été enterrés sous un amoncellement de mensonges et de silence complice.
Violentes émeutes à Nanterre la nuit dernière après que la police aurait abattu et exécuté Nael M, un chauffeur-livreur franco-algérien de 17 ans non armé lors d’un arrêt tragique.
Les rapports affirment que la police a crié : « Je vais te loger une balle dans la tête ». 🧵
—Joseph Attard (@josephattard02) 28 juin 2023
Craignant une répétition des émeutes de 2005, déclenchées par la mort de deux jeunes électrocutés après avoir été poursuivis par la police dans une centrale électrique, le gouvernement s’est dit « choqué » par la vidéo, a promis que justice serait rendue et a appelé pour « calme ».
En vain. Mardi soir, des heurts ont éclaté entre des centaines de jeunes et la police à Nanterre et dans d’autres communes de la banlieue parisienne. Mercredi soir, les affrontements s’étaient propagés à de nombreuses villes, non seulement dans la banlieue parisienne mais dans tout le pays.
Système meurtrier
Les émeutes pourraient s’étendre au cours des prochains jours. Le meurtre de Nahel est loin d’être la seule cause de la colère des gens. Mais il sert de catalyseur, d’étincelle qui a enflammé d’énormes réserves de matériel explosif qui se sont accumulées au fil des années à travers l’humiliation, la discrimination, la stigmatisation, le racisme d’État, la violence policière, le chômage et la misère de toutes sortes.
Comme en 2005, le gouvernement et ses médias versent des larmes de crocodile sur les voitures et les bus incendiés. Ils y voient une opportunité de mobiliser l’opinion publique contre les jeunes émeutiers, qui font l’objet d’une intense répression policière. Les jeunes interpellés recevront probablement des peines sévères pour « donner l’exemple ». La droite et l’extrême droite essaieront de tirer des gains politiques de la situation – au nom de « l’ordre », de la « sécurité » et même, bien sûr, de la « République » (bourgeoise).
Dans ce contexte, la gauche et le mouvement syndical ne doivent pas se cantonner au rôle d’observateurs et de commentateurs. Nous devons donner aux événements un contenu de classe clair. Les organisations du mouvement ouvrier doivent tout mettre en œuvre pour mobiliser tous les jeunes et les travailleurs dans une lutte massive contre l’Etat bourgeois, contre le gouvernement et contre la répression policière et judiciaire des jeunes.
Les manifestations se sont poursuivies une deuxième nuit. Rapports de 2 000 policiers déployés à Paris. 🧵
—Joseph Attard (@josephattard02) 29 juin 2023
Des manifestations et des rassemblements massifs doivent être organisés dans les quartiers populaires pour donner à cette révolte des jeunes l’expression la plus organisée, consciente et efficace possible. Cela permettrait à toute la population de ces quartiers – et pas seulement aux jeunes – de prendre part au mouvement. En même temps, cela couperait le souffle aux politiciens réactionnaires qui s’acharnent sur la « violence » des émeutiers et tentent de retourner l’opinion publique contre eux.
Le lien entre le harcèlement policier des jeunes dans les quartiers les plus pauvres et les politiques antipopulaires du gouvernement doit être établi, expliqué et martelé.
Des millions de personnes se mobilisent contre les politiques du gouvernement depuis janvier. Le gouvernement et la police sont les deux aspects d’un même problème, le même système d’exploitation et d’oppression, la même domination d’une classe de riches parasites sur l’écrasante majorité de la population.
C’est cette classe capitaliste qui sème la misère, le chômage et le chaos. C’est cette même classe qui contrôle l’appareil d’État, la police et les institutions judiciaires. C’est aussi cette classe qui possède et contrôle les grands médias, dont l’une des missions centrales est de cracher constamment de la propagande raciste, sous n’importe quel prétexte.
C’est donc contre cette classe et son système — le système capitaliste — que le mouvement ouvrier doit s’efforcer de diriger la colère qui éclate, une fois de plus, parmi les jeunes les plus opprimés du pays. Il ne fait aucun doute que si le mouvement ouvrier parle un langage révolutionnaire à ces jeunes, ils répondront avec enthousiasme et énergie.