Comment la protection sociale peut accélérer l’action climatique
Un nouveau rapport montre que l’intégration des objectifs climatiques et des systèmes de protection sociale peut grandement contribuer à fournir des financements là où ils sont le plus nécessaires. Mais pour tirer le meilleur parti de ces résultats, il faudra adopter une nouvelle approche en matière de conception, de financement et de mise en œuvre des programmes de protection sociale.
ÉDIMBOURG – À la veille de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP30) qui se tiendra cette année à Belém, au Brésil, les pays sont invités à adopter une approche de l’action et du financement climatique axée sur la protection sociale. Établir ce lien ne pourrait être plus important pour protéger la dignité humaine, renforcer la résilience des communautés et maximiser l’impact de fonds limités.
Lors de la COP29 l’année dernière, les économies développées convenu mobiliser au moins 300 milliards de dollars par an en financement climatique pour les pays en développement d’ici 2035, dans le cadre du nouvel objectif quantifié collectif sur le financement climatique. Mais les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement ont critiqué à juste titre cet objectif, le qualifiant de vague, inapplicable et inadéquat. En fait, ce chiffre est bien inférieur aux besoins, notamment parce que la fourniture de financements climatiques est souvent très inefficace. Par exemple, juste 0,8% des fonds suivis parviennent aux systèmes agricoles à petite échelle.
C’est là qu’intervient la protection sociale. A 2019 étude par l’Initiative des PMA pour une adaptation et une résilience efficaces (LIFE-AR) a montré que les initiatives de protection sociale peuvent jouer un rôle puissant dans la construction de communautés résilientes au changement climatique. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat Sixième rapport d’évaluationsorti en 2023, a fait écho à ce constat. Maintenant, un examen conjoint L’un des 23 projets financés par le Fonds vert pour le climat, menés par le FVC et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a montré que l’intégration des objectifs climatiques dans les systèmes de protection sociale peut grandement contribuer à fournir des financements limités là où ils sont le plus nécessaires.
Il existe de nombreux modèles de protection sociale éprouvés qui favorisent une action climatique inclusive. Par exemple, le programme de filet de sécurité productif de l’Éthiopie prend en charge plus de huit millions de personnes – y compris les communautés les plus vulnérables du pays au changement climatique – grâce à des transferts monétaires et alimentaires, tout en répondant aux chocs à court terme comme les sécheresses et en restaurant les paysages dégradés.
De même, le Programme national indien de garantie de l’emploi rural Mahatma Gandhi, qui atteint plus de 60 millions de ménages ruraux financent des solutions intelligentes face au climat, comme la collecte de l’eau de pluie et le boisement (plantation d’arbres), qui protègent les communautés contre les sécheresses et les inondations. Le Bolsa Verde du Brésil associe l’aide au revenu à la gestion de l’environnement, en encourageant l’utilisation durable des terres et la conservation des forêts parmi les familles à faible revenu vivant dans les zones protégées.
Les 23 projets du GCF échantillonnés lors de la récente revue FAO-GCF montrent des promesses similaires. du Paraguay Projet sur la pauvreté, le reboisement, l’énergie et le changement climatiquequi reçoit le soutien technique de la FAO, lie les transferts monétaires conditionnels aux objectifs de bien-être social, tels que la mise en place de systèmes agricoles et forestiers sensibles au climat, et met l’accent sur la participation autochtone. Le Botswana Adaptation et atténuation basées sur les écosystèmes dans les parcours communaux Le projet vise à promouvoir des objectifs similaires, avec des femmes représentant 60 % de ses participants.
Mais malgré quelques succès, l’inclusion reste un formidable défi. Dans l’état actuel des choses, presque la moitié de la population mondiale – y compris bon nombre des personnes les plus exposées aux effets du changement climatique – n’a accès à aucun type de filet de sécurité sociale. Cela contribue à expliquer pourquoi seuls trois des projets examinés dans le rapport FAO-GCF concernaient des pays à faible revenu. De plus, seuls six de ces projets incluaient des personnes handicapées, seulement quatre jeunes incorporés et aucun n’impliquait des migrants. Sur les sept zones de projet où les peuples autochtones étaient présents, quatre seulement les incluaient.
Les résultats ont également été insuffisants. Par exemple, la FAO constate que le stress thermique élargit l’écart de revenus entre les ménages dirigés par une femme et ceux dirigés par un homme de 37 milliards de dollars par an, et les inondations de 16 milliards de dollars. Mais même si plusieurs des 23 projets du FVC étaient sensibles au genre, aucun n’était transformateur. En outre, moins de la moitié des projets du FVC prévoyaient des efforts visant à renforcer les systèmes de protection sociale existants, compromettant ainsi leur durabilité et leur évolutivité à long terme. Les mécanismes d’assurance sociale étaient absents.
L’amélioration des résultats nécessitera un changement fondamental dans l’approche dominante en matière de conception, de financement et de mise en œuvre de la protection sociale. Plutôt que de continuer à dépendre de subventions à court terme basées sur des projets – dont l’ampleur est nécessairement limitée – nous devons mettre l’accent sur des initiatives coordonnées à plus long terme, axées sur le renforcement des systèmes et des capacités nationales, tout en soutenant l’adaptation menée au niveau local. Une approche pangouvernementale, impliquant les ministères responsables du climat, de la protection sociale et de la gestion des urgences, est essentielle. Et l’inclusion doit être intégrée à chaque étape du processus.
Le FVC peut jouer un rôle important pour faire avancer ce changement. Elle est bien placée pour catalyser un financement supplémentaire à plus long terme pour la protection sociale, en tirant parti de mécanismes innovants, tels que les échanges de dette contre des obligations climatiques et les obligations vertes. En outre, il a récemment introduit des réformes de son modèle d’accréditation, axées sur l’amélioration de la transparence, de la réactivité et de l’efficacité, même si davantage de flexibilité est encore nécessaire pour les pays à faible revenu.
Mais le FVC ne peut pas y parvenir seul. D’autres fonds multilatéraux pour le climat doivent également intensifier leurs efforts, notamment en établissant des voies de financement dédiées et en rationalisant l’accès pour les pays à faible revenu. Les gouvernements, pour leur part, doivent faire de la protection sociale un pilier de leurs stratégies climatiques, y compris les contributions déterminées au niveau national, les plans nationaux d’adaptation et les cadres opérationnels du Fonds de réponse aux pertes et dommages. Les partenaires de développement et les agences des Nations Unies doivent renforcer leur soutien technique aux stratégies inclusives à long terme, et pas seulement aux projets à court terme.
La COP30 a été désignée « COP de mise en œuvre », axée sur la transformation des plans et des engagements en actions et en résultats. Il s’agit donc de l’occasion idéale d’appliquer les enseignements du rapport FAO-GCF, qui trace des voies claires pour étendre la protection sociale afin de renforcer l’action climatique inclusive.
