Inquisition électorale polonaise
Une nouvelle commission pour éradiquer « l’influence russe » en Pologne viole tous les principes fondamentaux de l’État de droit et est clairement conçue pour empêcher les principaux candidats de l’opposition de se présenter aux élections générales de cet automne. Le parti au pouvoir illibéral du pays est de plus en plus désespéré et de plus en plus effronté.
VARSOVIE – Le parti au pouvoir en Pologne, Droit et Justice (PiS), a franchi une nouvelle étape vers l’autocratie à grande échelle. A l’approche des élections législatives cet automne, le PiS a rédigé une loi créer une commission spéciale pour enquêter sur l’influence russe entre 2007 et 2022, une période qui comprend le temps du parti d’opposition Plateforme civique au pouvoir (2007-15). Pire encore, le président polonais Andrzej Duda a déjà signé le projet de loi, tout en le renvoyant au Tribunal constitutionnel subordonné au PiS pour un examen sans approbation.
La commission pourra interdire aux personnes d’exercer des fonctions publiques jusqu’à dix ans si elle conclut qu’elles ont déjà fait quoi que ce soit « sous influence russe ». Plus rien n’est à prouver. Il publiera son rapport complet d’ici le 17 septembre – comme si la saison des vacances d’été offrait suffisamment de temps pour examiner 15 ans de politique polonaise.
Considérant cette décision comme une tentative évidente et effrontée de parer à toute contestation électorale de la part de Donald Tusk de la Plateforme civique, l’opposition a appelé la législation « Lex Tusk » (« loi Tusk »). Ce n’est pas une simple spéculation. Le secrétaire d’État Janusz Kowalski a ouvertement admis qu’il espère que « le résultat du travail de la commission sera d’amener Donald Tusk devant le tribunal d’État ».