Pour protéger la démocratie, protégeons les journalistes en exil
De la Russie au Soudan du Sud, la montée de l’autoritarisme et les menaces contre la liberté de la presse poussent un nombre croissant de journalistes à fuir leur pays d’origine et à tenter de reprendre leur travail depuis l’étranger. Les organisations médiatiques des pays démocratiques ont le devoir collectif de les soutenir.
LONDRES – « Agent étranger », « indésirable », « extrémiste ». Pour des milliers de journalistes indépendants qui tentent de vivre et de travailler en Russie, ces mots peuvent changer la vie.
En avril, Ilya Barabanov, correspondant russe de la BBC, a été étiqueté un « agent étranger » par le ministère russe de la Justice, ce qui l'empêche de couvrir de nombreux aspects de la vie civique. De telles désignations étouffent évidemment la liberté de la presse, et elles ne sont souvent qu’un début. Le arrestations en avril, Konstantin Gabov et Sergueï Kareline, tous deux accusés d'avoir produit du contenu pour la chaîne YouTube du défunt leader de l'opposition Alexeï Navalny, montrent que le simple fait d'être affilié à un média jugé « extrémiste » suffit pour risquer la prison.
Barabanov a depuis quitté la Russie et il n’est pas seul. Sous la pression incessante de l’État, les médias indépendants ferment leurs portes dans tout le pays. Plus de deux ans après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, les journalistes russes retrouvent une nouvelle vie en exil, avec au moins 93 médias opérant désormais à l’étranger.