Repenser la viabilité de la dette en Afrique

Repenser la viabilité de la dette en Afrique

Pour développer une bonne compréhension des risques auxquels sont confrontés les pays africains endettés, les institutions financières internationales doivent revoir leurs propres méthodes d’évaluation de la soutenabilité de la dette. Plutôt que de fixer des limites arbitraires au ratio dette/PIB d’un pays, l’accent doit être mis sur la manière dont la dette est utilisée.

CAMBRIDGE – Dans toute l’Afrique, la gestion macroéconomique s’est considérablement améliorée ces dernières années. Des études par le Fond monétaire internationalle Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale, ainsi que des enquêtes Indicateurs de gouvernance dans le monde et Transparence Internationale, témoignent tous de cette tendance. Pourtant, les inquiétudes concernant la viabilité de la dette sur le continent se sont accrues, en particulier depuis le début de la pandémie de COVID-19.

De telles inquiétudes ne sont pas nouvelles. Dans les années 1980 et 1990, les pays africains s’étaient endettés en grande partie en empruntant auprès de créanciers publics tels que les banques de développement, les agences de crédit à l’exportation de l’OCDE et les prêteurs du Club de Paris (principaux pays créanciers). Cela les distinguait des pays d’Amérique latine, qui avaient beaucoup emprunté à des prêteurs privés. Pourtant, les préoccupations croissantes concernant la viabilité de la dette ont conduit à une vague de programmes d’allégement de la dette de la fin des années 1990 aux années 2000.

En 1996, le FMI et la Banque mondiale ont lancé l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), suivie trois ans plus tard par l’Initiative PPTE renforcée. Il s’agissait dans les deux cas d’innovations majeures dans le financement du développement qui permettaient d’annuler les dettes envers les créanciers multilatéraux. Puis vint l’Initiative d’allégement de la dette multilatérale de 2006 et le rééchelonnement des dettes souveraines par le biais du Club de Paris, qui a créé un sentiment d’optimisme quant à l’avenir du fardeau de la dette de l’Afrique. Les créanciers officiels avaient accordé plus de 100 milliards de dollars en secours à plus de 40 pays, dont 85 % en Afrique.

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