Faire fonctionner l’autonomie stratégique européenne
L’Espagne profite de sa présidence du Conseil de l’UE pour étoffer le concept d’« autonomie stratégique ouverte » avec un nouveau plan détaillé pour parvenir à la sécurité économique et géopolitique. Même si le document est loin d’être parfait, il promet de faire avancer un débat dont l’Europe a un besoin urgent.
MADRID – Confrontée aux nombreuses différences entre ses États membres, l’Union européenne a cherché ces dernières années à affiner son concept d’autonomie stratégique. Aujourd’hui, l’Espagne entend profiter de sa présidence du Conseil de l’UE pour apporter plus de cohérence et de substance à ce débat. Si elle réussit, l’Europe aura fait un pas important vers une intégration plus profonde.
Le concept d’autonomie stratégique a déjà considérablement évolué. Originaire du domaine de la défense, il est apparu pour la première fois document officiel de l’UE en 2013. C’est ensuite devenu un principe de politique étrangère dans le texte de l’UE de 2016. Stratégie globaleavant de finalement s’étendre au domaine économique avec le nouvel engagement du bloc à «autonomie stratégique ouverte» en 2020.
L’idée de base est que les Européens doivent pouvoir vivre selon leurs propres lois et défendre leurs intérêts sans ingérence (ou assistance) étrangère. Pourtant, compte tenu de la nature coopérative de l’UE, de ses processus décisionnels fondés sur le consensus et de ses liens économiques profonds avec le reste du monde, l’action extérieure doit trouver un équilibre délicat. Elle doit être multilatérale lorsque cela est possible, mais unilatérale lorsque cela est nécessaire.