L’axe du déni
Tant à gauche qu’à droite, la politique populiste repose aujourd’hui sur un fondement de déni et d’arguments de mauvaise foi prétendument au nom de la classe ouvrière. À bien des égards, le débat sur le soutien à l’Ukraine est devenu un microcosme de la «récession démocratique» plus large.
LJUBLJANA – La femme d’un ivrogne est au lit avec son amant lorsque son mari trébuche à l’improviste et grimpe sous les draps. « Chérie, je suis tellement ivre que je vois six pattes au fond de notre lit », dit-il. « Ne vous inquiétez pas, » répond-elle, « Marchez simplement jusqu’à la porte et regardez à nouveau à partir de là. » Quand il le fait, il est soulagé. « Tu as raison, il n’y a que quatre pattes ! »
Cette plaisanterie est peut-être vulgaire, mais elle touche à un phénomène important. Généralement, vous vous attendez à voir une situation plus clairement de l’extérieur que lorsque vous y êtes immergé. Mais parfois, c’est précisément cette position extérieure qui vous rend aveugle à la vérité. Dans la blague, l’exclusion du mari (debout près de la porte) crée un faux sentiment d’inclusion dans lequel il confond les jambes de l’amant avec les siennes.
On retrouve une dynamique similaire dans le soutien de l’Occident à l’Ukraine. Nous fermons les yeux sur le fait qu’une clique nationale d’oligarques émergera probablement comme le plus grand gagnant de la lutte ukrainienne. Pourtant, nous ne devrions pas être surpris si l’Ukraine d’après-guerre ressemble à l’Ukraine d’avant-guerre, un endroit corrompu par l’oligarchie et colonisé par les grandes sociétés occidentales qui contrôlent les meilleures terres et ressources naturelles. Alors que nous faisons nos propres sacrifices pour l’effort de guerre, nous ne voyons pas que les gains seront appropriés par d’autres, tout comme l’ivrogne qui prend les pieds d’un autre pour les siens – peut-être parce qu’au fond de lui, il ne veut pas reconnaître le vérité.