Le chant des sirènes de la grande histoire

Le chant des sirènes de la grande histoire

Compte tenu de l’extrême complexité de l’économie mondiale moderne et de l’ordre international, il est naturel que les décideurs politiques et les experts s’appuient sur des récits historiques simples pour donner un sens à tout cela. Mais ces cadres ne constituent pas de bons guides pour l’élaboration des politiques actuelles.

MUNICH – Derrière le désordre mondial actuel se cachent deux récits liés sur les forces et les faiblesses relatives des pays dans la compétition pour la puissance mondiale. L’une concerne l’ascension et la chute à long terme des nations et des civilisations, et l’autre concerne des conjonctures à beaucoup plus court terme.

Du point de vue occidental, le premier récit considère la Chine comme une menace en raison de sa force extraordinaire, tandis que le deuxième récit la présente comme une menace en raison de sa faiblesse inhérente. Dans le même temps, les dirigeants chinois considèrent l’Amérique comme une menace parce qu’elle est structurellement faible et dominée par une élite politique gérontocratique, mais aussi parce qu’elle reste extraordinairement puissante et déterminée à éliminer tout rival à court terme. Comme le ministre chinois du Commerce Wang Wentao, s’exprimant au nom du président Xi Jinping, je l’ai récemment mis« un pays, obsédé par le maintien de son hégémonie, a fait tout son possible pour paralyser les marchés émergents et les pays en développement ».

La première vision de l’avenir s’appuie sur le prisme analytique simple – et donc apparemment convaincant – de la géopolitique. Les géopoliticiens ont pour tâche d’esquisser des scénarios de hausse et de baisse à long terme. Leurs intrigues sont toujours claires : un pays domine le monde pendant environ un siècle avant de subir un renversement à mesure qu’il s’épuise et se discrédite.

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