La politique de grief destructrice de la Pologne
Même si le président ukrainien Volodymyr Zelensky a récemment honoré les victimes d’un massacre de Polonais en 1943 par des nationalistes ukrainiens, certains Polonais pensent toujours que leur pays doit des excuses. Pire encore, de telles demandes sont symptomatiques d’une adhésion plus large à la victimisation messianique qui s’est installée ces dernières années.
VARSOVIE – Le 11 juillet a marqué le 80e anniversaire de la Massacre de Volhynie, lorsque des nationalistes ukrainiens luttant pour leur propre État ont massacré près de 100 000 Polonais en quelques jours. Des personnes ont été tuées à coups de hache, les entrailles et les yeux arrachés. Des enfants ont été jetés contre les murs et des femmes enceintes ont été transpercées de baïonnettes. En réponse, les Polonais ont ensuite tué 10 000 à 15 000 Ukrainiens.
Alors que les historiens polonais parlent du massacre comme d’un génocide, les Ukrainiens se souviennent d’une guerre entre deux armées clandestines qui ont toutes deux été ravagées par les nazis et les soviétiques. À ce jour, l’absence d’excuses ukrainiennes reste l’un des plus grands obstacles à une alliance polono-ukrainienne. Même si le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rendu hommage aux victimes du massacre lors d’une récente réunion avec le président polonais Andrzej Duda, certains en Pologne se sont encore plaints, arguant que Duda aurait dû demandé plus.
Mais c’est plutôt ironique, étant donné que la Pologne a une solide tradition de refus d’admettre la culpabilité de ses propres torts historiques. En Pologne, on ne parle jamais de la façon dont leurs ancêtres ont brutalisé et exploité les paysans ukrainiens au cours des siècles. Si vous lisez l’historien Daniel Beauvois compte du traitement de l’Ukraine pendant la Première République polonaise et sous les cloisons des XVIIIe et XIXe siècles, vos cheveux se dresseront. Pourtant, au-delà d’un petit cercle d’historiens et de rats de bibliothèque, peu de gens en Pologne savent quoi que ce soit sur ces questions. Tout ce qu’ils « savent », c’est qu’on leur doit des excuses de la part des Ukrainiens.