L’UE a besoin d’une union budgétaire
La nécessité pour l’Union européenne d’une union et d’une cohésion budgétaires plus étroites pour relever les défis imminents est désormais largement reconnue. Mais tant que les décideurs politiques n’auront pas mis en œuvre les réformes nécessaires pour obtenir ces résultats, les politiques budgétaires et monétaires de l’UE continueront à nuire, voire à tuer le patient avant que le remède n’arrive.
LONDRES – Les décideurs économiques européens ont eu un emploi du temps chargé ces derniers temps. Premièrement, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne s’est réuni pour délibérer sur ce qui allait devenir son dixième hausse consécutive des taux d’intérêt. Ensuite, le Conseil des affaires économiques et financières de l’Union européenne s’est réuni pour une négociation encore peu concluante sur réformes aux règles budgétaires de l’UE. Enfin, les ministres européens, les gouverneurs des banques centrales et les régulateurs ont tenu leur traditionnelle réunion informelle pour discuter de la gouvernance économique et de la coordination des politiques budgétaires et monétaires. Malheureusement, aucune de ces réunions n’est susceptible d’apporter les changements dont l’Europe a besoin.
Lorsque la crise du COVID-19 a éclaté, les autorités européennes et les banquiers centraux ont agi rapidement pour mettre en œuvre une réponse puissante et innovante que peu de gens auraient cru possible auparavant. Mais l’augmentation de la dette publique qui en résulte, ainsi que la récente poussée d’inflation, ont effrayé les décideurs politiques. Aujourd’hui, certains États membres de l’UE – en particulier ceux qui avaient des réserves quant aux dépenses liées à la pandémie – prônent un retour à austéritéet la BCE a une fois de plus adopté une position belliciste. S’agira-t-il d’un épisode passager de lassitude envers les réformes, ou l’Europe est-elle sur le point de revenir définitivement à ses anciennes habitudes ?
La Commission européenne, ainsi que de nombreux banquiers centraux et ministres des Finances, reconnaissent qu’une fédération asymétrique avec une banque centrale et de nombreuses autorités budgétaires, chacune fonctionnant selon les règles budgétaires nationales, a un biais déflationniste. Mais même si cette tendance désavantage clairement l’UE par rapport aux États-Unis – qui peuvent répondre aux crises avec un ensemble de politiques bien plus favorables – la volonté politique pour la contrer est introuvable.