L’Europe ne peut plus se permettre la désunion
Au lieu d’inaugurer la « paix perpétuelle » attendue par les Européens, la fin de la guerre froide a donné naissance à un monde multipolaire marqué par une rivalité croissante entre les États-Unis et la Chine. Pour survivre et affirmer leur influence sur la scène mondiale, les pays européens doivent renforcer leurs capacités de dissuasion militaire.
BERLIN – L’invasion de l’Ukraine par le président russe Vladimir Poutine a replongé l’Europe dans les chapitres les plus sombres de son histoire. Une fois de plus, le continent est confronté au spectre de son plus terrible fléau : une guerre de conquête à grande échelle.
Après des décennies de paix et de stabilité relatives, la perspective d’un redessinage forcé des frontières européennes et de l’anéantissement d’États souverains est soudainement devenue palpable. Alors que la Russie a choisi l’agression plutôt que la collaboration pacifique, il est de plus en plus évident que les Ukrainiens se battent pour la liberté de l’Europe ainsi que pour la leur.
L’histoire a le pouvoir de corriger les malentendus et les illusions. Après la chute du mur de Berlin en 1989, annonçant la fin de la guerre froide, un nouvel optimisme a animé l’Europe. La porte de Brandebourg s’est rouverte, l’Armée rouge s’est retirée des pays du Pacte de Varsovie et l’Union soviétique s’est désintégrée. Le « fin de l’histoire» était proche, et la vision utopique d’Emmanuel Kant de «paix perpétuelle» semblait à portée de main.