Une stratégie industrielle pour l’Europe
L’UE n’a jamais eu de politique industrielle active pour la simple raison que, contrairement à la Chine et aux États-Unis, elle ne dispose pas d’un budget fédéral lui permettant d’accorder d’importantes subventions à des secteurs spécifiques. Mais l’UE dispose des outils dont elle a besoin pour mettre en œuvre ses propres mesures favorisant la croissance.
MILAN – La « politique industrielle » s’est déplacée au centre des débats économiques et même de sécurité nationale, des États-Unis à l’Union européenne. Mais le terme peut être trompeur, non seulement parce que sa signification est plutôt vague, mais aussi parce qu’il ne rend pas compte du véritable impératif auquel sont confrontés les décideurs politiques.
La politique industrielle fait référence à l’utilisation d’un large éventail d’outils, allant des réglementations aux subventions et incitations fiscales, pour soutenir la croissance économique globale ou favoriser le dynamisme dans des secteurs spécifiques. C’est aussi vieux que l’État. Remontez 2 000 ans en arrière, sous la dynastie chinoise des Han, et vous constaterez que fabrication du fer était un monopole d’État.
L’Europe a sa propre longue histoire en matière de politique industrielle. Les gouvernements européens ont passé des siècles à soutenir des industries et des technologies vitales – en particulier celles les plus pertinentes pour la guerre – afin de garder une longueur d’avance sur leurs ennemis, qui étaient souvent aussi leurs voisins. Plus récemment, ils ont mené des politiques industrielles communes pour s’intégrer les uns aux autres, et non pour se battre.